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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/274

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ments que l’on possède sont tout à fait insuffisants pour cela. Ainsi, les découvertes se résument, pour la France, à Henry aux vièles, dont il a été déjà parlé, et qui habitait la rue aux Jugléeurs, à Paris, en 1292 ; puis à Jehan de la Comté qui, vers 1450, d’après les comptes des ducs de Bourgogne publiés par M. de la Borde, vendit une harpe pour la comtesse de Charollois, moyennant la somme de douze livres ; et c’est à peu près tout. Mais à partir de l’époque de la Renaissance, c’est-à-dire vers la fin du xve siècle et au début du xvie, les renseignements sur les luthiers deviennent un peu moins rares.

La noblesse, héritière des grandes traditions du xve siècle, cultiva davantage la poésie et la musique. Les rois, les princes, et à leur imitation les autres seigneurs, furent plus ou moins mélomanes. Chacun d’eux protégeait non seulement les arts et les artistes, mais avait encore la prétention de faire des vers et de les mettre en musique. Les uns chantaient leurs œuvres en s’accompagnant eux-mêmes avec un instrument quelconque ; d’autres, plus modestes, se contentaient d’être accompagnés par des artistes, et comme, à cette foule luxueuse et élégante, il fallait des instruments non moins beaux que leurs costumes et que les autres objets qui les entouraient, qu’il était de toute nécessité que ces instruments fussent dignes du cadre où ils figuraient, les luthiers s’appliquèrent à les leur fournir aussi richement décorés que possible et à en faire de véritables œuvres d’art. Pour cela, ils firent appel aux ouvriers les plus habiles à travailler le bois, l’ivoire et la nacre.

XVI

Le mouvement artistique qui allait se propager dans une certaine partie de l’Europe avait son foyer en Italie, dans les petites cours des nombreux princes qui régnaient alors