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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/28

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nouveauté, et, de même qu’on avait fait venir des musiciens grecs à Rome, on y aurait certainement appelé des bardes bretons. Mais rien de semblable ne s’est passé, l’histoire est muette à ce sujet.

Diodore de Sicile, qui voyagea dans les Gaules un peu après la conquête, raconte que : « Les Gaulois ont aussi des poètes qu’ils appellent bardes et qui chantent la louange et le blâme en s’accompagnant sur des instruments semblables aux lyres. »

Quatre siècles plus tard, Ammien Marcelin dit aussi, à propos de la Gaule : « Les hommes de ce pays s’étant peu à peu policés, firent fleurir les études utiles que les Bardes, les Euhayes et les Druides avaient commencé à cultiver. Les Bardes chantèrent en vers héroïques, au son de leurs lyres, les hauts faits des hommes célèbres. »

On est donc autorisé à croire que l’archet n’était pas encore connu à la fin du ive siècle, car ces textes ne peuvent s’appliquer qu’à des instruments à cordes pincées, dans le genre de ceux qui étaient cultivés à Rome. De sorte que l’entrée en scène du crouth a eu lieu après les invasions qui chassèrent les Romains de la Gaule, et nous croyons être bien près de la vérité en disant que c’est vers le milieu du ve siècle que ce fait si important pour l’histoire de la musique a dû se produire.

Mais voici un autre fait non moins intéressant : Les bardes bretons connaissaient déjà l’harmonie grossière qui porta le nom de diaphonie pendant le Moyen Âge, et ils la pratiquaient sur le crouth.

Décrite pour la première fois par Isidore de Séville, à la fin du vie siècle, la diaphonie consistait en des successions de quartes, de quintes et d’octaves simultanées, très faciles