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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/298

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feraient bien de méditer ces sages conseils et d’en tirer profit.

Il est bon de faire remarquer que Jean Rousseau ne dit pas sur quelle viole se pratiquait le jeu de l’accompagnement, et qu’il se sert du mot viole tout court, sans qualificatif, comme il le fait, du reste, tout au long de son traité, imitant en cela la plupart des anciens auteurs ; mais il est bien certain que l’accompagnement de la basse continue n’était possible que sur la « viola a gambe », et qu’il n’aurait pas été d’un effet très heureux sur une taille, et encore moins sur un dessus de viole.

Tout ceci pour arriver à démontrer que, dans les vieux textes, le mot viole, employé seul, s’applique généralement à la basse de viole et qu’il est toujours précédé ou suivi d’un qualificatif quelconque, quand il s’agit d’un autre membre de la famille des violes.

Titon du Tillet ne s’exprime pas autrement dans le Parnasse François. — Rameau indique par le seul mot : viole, la partie de basse de viole de ses Pièces de clavecin en concerts, qu’il publia en 1741. — J.-J. Rousseau dit à propos des sons harmoniques : « Si l’on fait résonner avec quelque force une des grosses cordes d’une viole ou d’un violoncelle, en passant l’archet un peu plus près du chevalet qu’à l’ordinaire, on entendra distinctement, pour peu qu’on ait l’oreille exercée et attentive, outre le son de la corde entière, au moins celui de son octave[1]. » Or, la viole proposée par J.-J. Rousseau, en même temps que le violoncelle, pour faire cette épreuve des sons harmoniques, ne peut-être que la basse de viole, qui est à peu près de la même grandeur que celui-ci. En s’exprimant ainsi, notre grand philosophe ne faisait que de se conformer à un usage consacré.

Cet usage paraît remonter aux premières années du

  1. Dictionnaire de musique, p. 449.