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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/300

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pas à cette époque. Les harmonies aussi étaient également plus faciles à obtenir avec l’accord par quartes et tierces, qu’avec celui par quintes.

Voilà pourquoi la basse de viole fut si longtemps en faveur et cultivée bien après que les autres violes eurent disparu. C’est aussi la raison pour laquelle on en trouve de si nombreuses représentations. Nous en donnons seulement deux exemples : une dame de qualité jouant de la basse, ou plutôt de la double basse de viole ; et David Téniers, peint par lui-même, en train de charmer sa famille au son de la « viola a gambe ».

Le Dominiquin fait jouer à sa Sainte Cécile, du Louvre, une basse de viole à six cordes se rapprochant beaucoup, par le dessin des contours de la table, de la belle basse de viole faite par Pelegrino Zanetto, à Brescia, en 1547, qui est au musée du Conservatoire de Paris (n° 170 du catalogue).

Parmi les instruments, à moitié brisés, que l’on voit aux pieds de la Sainte Cécile de Raphaël, du musée de Dresde, il y a également une basse de viole fidèlement reproduite. On se demande, toutefois, comment le chevalet peut se maintenir debout, car toutes les cordes sont cassées et aucune d’elles ne passe dessus[1].

  1. Les anomalies de ce genre ne sont pas rares chez les peintres. Dans une fresque de Melozzo da Forli, qui orne un des panneaux de la sacristie de Saint-Pierre de Rome, un ange joue d’une viole où le chevalet n’est pas figuré, et on est bien étonné de voir les cordes se maintenir à une certaine hauteur de la table, sans avoir un point d’appui.

    Nous trouvons des cas semblables parmi les modernes.

    Un pastel de M. Carrier-Belleuse, exposé en janvier 1893 chez un marchand de papier peint, 8, boulevard Magenta, représente une jeune Italienne jouant de la mandoline napolitaine. Détail bizarre, la tête des chevilles se trouve placée en dessus du cheviller, au lieu d’être en dessous, et la charmante brune appuie ses doigts de la main gauche sur la tête des chevilles qu’elle a l’air de vouloir enfoncer, comme si c’étaient des touches ou des pistons.

    C’est surtout dans la sculpture que les instruments sont le plus sacrifiés à l’harmonie et à l’élégance des lignes.

    Si le statuaire Jean Baffier, qui a fait Compagnon, le célèbre joueur de musette nivernais, d’après nature, nous montre un instrument exact de tous points, un autre artiste, et l’un des plus éminents, M. E. Barrias, a mis un instrument qui