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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/311

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adopté le violoncelle, c’est la difficulté de démancher pour exécuter les clés d’ut et la dureté des cordes qui en sont cause ; aussi les instruments agréables comme clavecins, orgues, harpes, guitares, mandolines, quittions, cistres et la viole d’Orphée, sont plus analogues à la douceur de leur caractère que les hautbois, bassons, trompettes, cors de chasse et timballes. »

Malgré les invectives de l’abbé Le Blanc et l’invention de Corrette, la viole finit par s’éteindre tout doucement, après une longue et brillante carrière.

La viole a hérité de quelques locutions populaires qui appartenaient primitivement à la vièle. Bœuf violé est de ce nombre.

« On appelle bœuf violé, dit Richelet, celui qu’on promène le jeudi gras par les rues au son de la vielle. »

Et aussi : La viole fait la plus douce musique.

Certains proverbes se rattachent directement à la viole :

À douleur de dent
N’ay de viole n’instrument.

Le Parlement n’a presque jamais dansé sans viole.

Cependant, La Fontaine n’admet pas la viole pour la danse, et dit :

Car la viole, propre aux plus tendres amours,
N’a jamais jusqu’ici pu se joindre aux tambours.

L’amour est joueur de viole, dans l’Histoire comique de Francion, par Charles Sorel, 1633. Voici le passage :

« L’avarice joue de la harpe, la prodigalité du cornet ; mais ce n’est pas du cornet-à-bouquin, c’est du cornet à jeter les dés. L’amour joue de la viole ; la trahison joue de la trompe et la justice joue du hautbois. »

Selon le père Mersenne, le son de la viole est languissant et propre à exciter la dévotion. La vision de saint François d’Assise semble lui donner raison. Voici cette mystique légende :