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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/326

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péenne, nous paraît être une indication, et laisse entendre que l’instrument à archet et à éclisses serait originaire de l’Occident. Comment expliquer en effet le qualificatif de roumy, donné à cette kemângeh, sinon pour la distinguer des autres, et désigner en même temps sa différence de construction et d’origine ? Or, roumy, se traduit par chrétien ou plutôt par chien de chrétien. Donc, on peut très bien en conclure, et cela sans crainte de contestation aucune, que cet instrument a été importé en Orient par les chrétiens, et que l’emploi des éclisses, dans les instruments à archet, n’y était pas connu avant son introduction.

Cette « kemângeh roumy », que nous reproduisons d’après le dessin qu’en a donné Villoteau[1], est une viole d’amour, possédant six cordes à boyau et six cordes en laiton ; elle tient le milieu, comme proportions, entre le violon et l’alto. Son accord, imité de celui de nos anciennes violes, n’a rien d’oriental, le voici :

Toutes les « kemângeh roumy » de ce modèle ne sont pas de même taille :

« Nous avons vu, dit Villoteau, des kemângeh roumy de plusieurs dimensions, les unes plus grandes ou plus grosses, les autres moins ; celles-ci d’une forme qui nous paraissait fort ancienne, et celles-là d’une forme plus moderne ; mais nous n’avons pas remarqué qu’on les distinguât les unes des autres par un nom particulier, ni qu’elles fussent accordées différemment[2]. »

  1. Ouvrage cité, t. II, pl. AA, fig. 14.
  2. Ouvrage cité, chap. vii, art. iii.