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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/51

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moindre était l’instabililé du chevalet, qui subissait certainement des déplacements chaque fois que l’on tendait ou détendait une corde. Il a fallu tout le respect de la tradition pour qu’il fût conservé jusqu’au xviiie siècle, alors que le violon était connu depuis si longtemps, et qu’il aurait été si simple de doter le crouth d’un chevalet ordinaire et d’une âme.


crouth à six cordes
D’après Edward Jones.
La présence de ce chevalet sur le crouth à six cordes, à une époque aussi rapprochée de nous, est la preuve certaine qu’il en a toujours été ainsi, et que les bardes du ve siècle se servaient d’instruments ayant des chevalets semblables à celui-ci.

Les instruments à archet sont dans l’obligation d’avoir chacun un chevalet et une âme. Le premier facilite beaucoup le jeu de l’archet, en maintenant les cordes à une certaine hauteur, et sert en même temps à communiquer leurs vibrations à la table supérieure. Quant à la seconde, nous venons de voir son incontestable utilité ; c’est sans doute en raison de son rôle vital et mystérieux, car elle ne se voit pas à l’extérieur, que cette modeste pièce de bois a reçu le nom si poétique d’âme.

L’âme n’existe pas dans les instruments à cordes pincées ; elle n’y serait d’aucune utilité, du reste, car les cordes ne reposent pas sur un chevalet, leur tirage se fait horizontalement, elles n’exercent donc aucune pression sur la table.