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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/53

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monie. Dans le sycomore nous trouvons la musique. Six chevilles, lorsque nous les vissons, tendent les cordes, et ces six cordes sont ingénieusement imaginées pour produire cent sons sous l’action de la main ; une corde pour chaque doigt est vue distinctement, et les deux autres sont pour le pouce[1].

On voit que ce brave Gruffycld Davydd ab Howel tenait son instrument en très haute estime. Mais nous savons, par lui, qu’au xve siècle, le crouth à six cordes était construit en bois de sycomore, qu’il valait une livre, que sa tête était encore arrondie comme celle du crouth à trois cordes du xie siècle, que son dos était voûté et que l’on en tirait des sons plaintifs. De plus, que les cordes étaient disposées de la même manière qu’elles le seront encore trois siècles plus tard.

Cette disposition des six cordes du crouth est des plus intéressantes à étudier. Établie d’après une règle généralement adoptée, on la retrouve absolument semblable sur le dessin d’un manuscrit anglais du xie siècle[2], sur le dessin de Strutt[3] et sur celui de Daines Barrington[4].

Quatre cordes seulement passent au-dessus de la touche, les deux autres se trouvent en dehors, à gauche du manche. Ces deux dernières étaient des cordes pédales, qui ne pouvaient être actionnées par les doigts pour en changer l’intonation, et qui, par suite, sonnaient toujours les mêmes notes.

Par ses cordes pédales, placées en dehors de la touche, le crouth à six cordes contenait le principe du téorbe, qui s’est d’abord appelé chitarrone (grande guitare), dont certains auteurs attribuent l’invention à Bardella, musicien du xvie siècle, au service du duc de Toscane ; et d’autres à Téorba, qui lui aurait donné son nom.

  1. Cette traduction est empruntée à Fétis, Antoine Stradivari, p. 20.
  2. Voyez Kastner. Les Danses des morts, p. 240.
  3. Strutt. Angleterre ancienne.
  4. Daines Barrington, Archaeologia, déjà cité.