Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/75

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sur trois notes jusqu’à la fin de la messe. Cependant, la terminaison se faisant parfois sur le premier degré, on avait alors l’impression d’un récit construit avec les trois premières notes d’une gamme mineure.

Ce chant monotone provoque la tristesse au bout d’un certain temps, exécute surtout par des voix tremblotantes de femmes ; et c’est sans doute ainsi que doivent chanter les âmes qui errent à la porte du Paradis.

À partir du xiiie siècle, on ne trouve plus guère de représentations de la lyra, qui fut sans doute abandonnée depuis cette époque à cause de son peu de ressources.

Certaines locutions populaires, imitées des Grecs et des Latins, peuvent se rattacher à la lyra. Ainsi on dit en France : Qu’a de commun l’âne avec la lyre ? Et en Allemagne : L’âne que fait-il de la lyre[1] ? — Donner à l’âne une harpe ou une lyre[2]. — Que doit faire le corbeau de la harpe, l’âne de la lyre[3] ? — On voit qu’en tout pays, maître Aliboron passe pour être à la fois le type de l’ignorance et insensible à la musique.

Peut-être s’est-on inspiré du crouth et de la lyra, pour faire les premières vièles à archet, et a-t-on combiné les principes du premier avec la forme de la seconde, qui était plus petite et par conséquent plus facile à manier ? En tous cas, la lyra ne doit pas être considérée comme l’ancêtre direct du violon, parce qu’elle ne possédait aucun des caractères principaux de celui-ci, qui sont les éclisses et le manche. Cependant, si la lyra ne peut prétendre à cet honneur, elle a du moins celui d’avoir précédé le rebec et la gigue, instruments très estimés des ménestrels et des trouvères, durant tout le Moyen Âge, et qui plus tard, exclusivement employés par les ménétriers pour faire danser, provoquèrent la joie et la gaîté.

  1. « Was fängt der Esel mit der Leier an ?  »
  2. « Eir Esel ein Harpffen oder Leyren gegen. »
  3. « Was soll der Dul die Harpff idem Esel die Leyr ?  »