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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/95

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d’après Jérôme de Moravie, dit par erreur, que parmi ses cinq cordes : « on comptait deux bourdons, lesquels, résonnant à vide, formaient une basse d’accompagnement à la mélodie que les autres cordes faisaient entendre[1] ». Or, on vient de voir que la vièle avait un bourdon dans la première, ainsi que dans la troisième manière d’accorder ; mais qu’elle n’en avait jamais qu’un seul à la fois.
vièle ovale à cinq cordes
Bas-relief de l'église de Norrey
(Calvados), xiiie siècle.

Nous ferons aussi observer que les anciens auteurs désignent presque toujours, comme première corde, celle qui est la plus grave de toutes, tandis que dans le violon et ses dérivés, c’est la chanterelle, la corde la plus aiguë, qui se nomme ainsi.

On vient de voir avec quel soin Jérôme de Moravie décrit non seulement les diverses manières d’accorder la vièle, mais encore les sons que l’on obtenait avec chaque accord différent, tant sur les cordes à vide que par l’application des doigts.

La musique de cette époque étant basée sur le plain-chant, qui exclut tout intervalle chromatique, il ne faut pas être étonné que les trois échelles de sons, qu’il donne, ne contiennent qu’une seule altération, celle du si par le bémol, la seule tolérée exceptionnellement, et dans l’aigu seulement, pour éviter l’intervalle de triton, si et fa, que l’on nommait alors le diable en musique :

si contra fa est diabolus in musica.

Il est même certain que si les musiciens déchanteurs de

  1. Danse des Morts, p. 245.