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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/148

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Garat ; après un court séjour il file à Berlin, et rentre à Paris en 1796.

Nommé professeur au Conservatoire, premier violon à l’Opéra, violon solo de la Musique du premier Consul, il abandonne tout, en 1802, repart pour Berlin, où il reste quelque temps avant de prendre la route de Saint-Pétersbourg. Il arrive dans cette dernière ville en 1803, et y devient premier violon solo de la Musique de l’Empereur. Entre temps, il avait visité plusieurs villes d’Allemagne. Spohr, qui l’entendit à Brunswick, en parle en ces termes :

« Plus je l’entendais, plus j’admirais son jeu : oui, je n’hésitai pas à mettre sa manière, qui était encore alors le reflet fidèle de celle de son grand maître Viotti, au-dessus de celle de mon maître Eck, et à m’efforcer de m’approprier ses compositions par une étude pleine de soin. Et cela ne me réussit pas mal, car jusqu’au jour où je me fis une manière personnelle, j’étais, parmi les jeunes violonistes de l’époque, la copie la plus fidèle de Rode. Je parvins surtout à jouer tout à fait dans sa manière son huitième concerto, ses trois premiers quintettes, et les célèbres variations en sol majeur[1]. »

Vidal, auquel nous empruntons la traduction de ce passage, ajoute non sans raison :

« Nous pouvons être justement fiers de cette appréciation de Spohr ; car tout l’éclat de notre école de violon date de cette époque où Rode, Kreutzer et Baillot établirent les grands principes qui la guidèrent dans la bonne voie dont elle n’est pas sortie depuis[2]. »

Après un séjour de cinq années en Russie, Rode revint à Paris en 1808, et s’y fit entendre de nouveau. En 1811, il parcourut l’Autriche, la Hongrie, la Bohème, la Bavière et

  1. Spohr. Selbstbiographia, t. I, p. 66-67.
  2. Vidal. Les instruments à archet, t. II. p. 314.