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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/165

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assemblée. Le musicien complaisant obéit : il se présente, il joue, il enchante. L’ambassadeur satisfait lui fait donner huit louis, et donne ordre de le conduire à son logis dans son propre carrosse. Bertault, sensible à cette politesse, mais ne croyant pas ses talents assez bien récompensés par un présent si modique, remet les huit louis au cocher en arrivant chez lui, pour la peine que celui-ci avait eue de le reconduire. L’ambassadeur le fit venir une autre fois et, sachant la générosité qu’il avait faite à son cocher, lui fit compter seize louis et ordonna qu’on le reconduisît encore dans sa voiture. Le cocher, qui s’attendait à de nouvelles largesses, avançait déjà la main, mais Bertault lui dit : « Mon ami, je t’ai payé pour deux fois[1] ».

Ce grand artiste avait un penchant immodéré pour le vin, qu’il appelait sa colophane, et jouait rarement dans un salon, avant qu’un domestique ne lui en eût apporté une bouteille, qu’il plaçait sous son tabouret. Il a publié, pour son instrument, des concertos et des sonates, très rares aujourd’hui.

Ses élèves, Janson, né aussi à Valenciennes, Duport l’aîné, Cupis et Tillière, lui firent le plus grand honneur et rendirent justement célèbre l’École française du violoncelle.

Jean-Baptiste-Aimé-Joseph Janson l’aîné (Valenciennes, 1742, — Paris, 1803) se fit entendre avec succès au Concert spirituel, pour la première fois, le 23 mars 1755. Depuis cette époque jusqu’en 1780, il en fut un des solistes habituels. Après de nombreux voyages en Italie, en Allemagne, en Suède, en Danemark et en Pologne, où il obtint partout les plus brillants triomphes, il fut nommé professeur au Conservatoire, lors de sa fondation, en 1796. Son frère, Louis-Auguste-Joseph Janson, resta plus de vingt-cinq ans à l’orchestre de l’Opéra. Né à Valenciennes le 8 juillet 1749, on ignore la date de sa mort.

Jean-Pierre Duport l’aîné (Paris, 1741 — Berlin. 1818)

  1. Ouvrage cité.