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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/40

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reculons. Ils avoient des masques représentant des figures de vieilles femmes en bonne humeur, placez derrière la teste[1]. »


Le reste du costume était à l’avenant, de sorte qu’en paraissant avancer, ils reculaient.

Mais on ne représentait pas des ballets qu’à Paris ; en 1619, à Toulouse, il y eut de grandes fêtes en l’honneur du duc et de la duchesse de Montmorency :

« Il faudrait un gros livre pour rapporter icy la description de la salle où fut donné le ballet, et où madame la duchesse de Montmorency qui tenoit le premier rang, et les autres grandes dames du pays, estoient assises. L’entrée que chacune des quatre troupes de ballet tirent avec leurs magiciens, leurs violons et instruments, la musique, les vers, etc.[2] »


À Paris, les membres de la Corporation des ménétriers, pour célébrer joyeusement la fête de leur patron, parcouraient les rues, dans la nuit de la Saint-Julien, en jouant de leurs instruments. C’était quelque chose comme nos retraites aux flambeaux modernes. En 1587, celle promenade musicale eut lieu avec « luts, épinettes, mandores, violons, flustes à neuf trous, tambour à main et fluste à trois trous, tambour de Biscoye, larigaux, le tout bien d’accord et sonnant et allant parmi la ville[3]. »

Le violon, qui avait pénétré dans toutes les classes de la société, était aussi cultivé par les grandes dames, et celles qui n’en jouaient pas étaient heureuses de l’entendre en toutes circonstances, même les plus tristes :

  1. Mémoires de Michel de Marolles, abbé de Villeloin, t. I. p. 133.
  2. Mercure françois, janvier 1619, p. 109.
  3. Voyez Recueil de ballets faits en 1600, par Michel Henry (cité par Kastner).

    Ces promenades nocturnes furent interdites plusieurs fois pour cause d’abus. Un arrêt du parlement du 26 août 1595 fait défense à toutes personnes de s’assembler et aller en troupes par les rues y porter luths, mandolles el autres instruments de musique, et, sous quelque prétexte que ce soit, aller de nuit, à peine de la hart. Félibien, Histoire de la Ville de Paris, preuves, t. III. p. 28.