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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/48

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de vingt-deux francs, qu’il a plu à Monseigneur de Vaudémont donner et octroyer aux tambours et violons de l’armée de Son Altesse estant devant Chasteauvillain[1]. »

Ajoutons que, dès cette époque, le nom de violons servait à désigner, d’une façon générique, tous les instruments, même militaires. La preuve nous en est fournie par les Mémoires de Du Guesclin, vraisemblablement rédigés à la fin du xvie siècle :

« Cependant, Charles de Blois, qui n’avoit point de temps à perdre, parce que la place qu’il vouloit secourir étoit aux abois, partit en diligence avec son armée de Louvaux l’Abbaye. La revue qu’il en fit, montoit à plus de trois mille hommes d’armes ; cette petite armée fit une marche si longue, qu’elle vit dans peu le château d’Auray. Quand les assiégés aperçurent du Donjon les enseignes de Charles, et ce corps de troupes qui faisoient un mouvement vers eux, ils arborèrent aussi leurs étendards sur le haut de la tour, et pour témoigner la joie qui les transportoit, ils firent jouer leurs violons sur le même endroit, avec tant de bruit et de fracas, que les assiégeans l’entendirent, et tournans les yeux de ce côté-là, virent les drapeaux et les enseignes de la garnison qui flottoient en l’air au gré des vents[2]. »

Selon le P. Ménétrier, le violon convenait très bien pour dresser les chevaux et les préparer à danser des quadrilles dans les carrousels :

« On ne laisse pas, dit-il, de les dresser les chevaux et de les accoutumer à l’harmonie des violons ; mais il en faut un grand nombre, que l’air soit de trompette, et que les basses marquent fortement les cadences[3]. »

  1. A. Jacquot. La musique en Lorraine.
  2. Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’histoire de France, (Mémoires de Du Guesclin, 1785, t. IV, p. 63.)
  3. Traité des tournois, joutes, carrousels et autres spectacles publics, par le P. Ménétrier, Lyon, 1661.