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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/64

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dans tout le palais. Or, la Grande Mademoiselle n’entendait pas qu’on la plaisantât de la sorte, et sitôt qu’elle en eut connaissance, son premier soin fut de chasser impitoyablement Lully[1].

Celui-ci, alors âgé de dix-neuf ans, passa au service du roi ; d’abord dans la Bande des vingt-quatre violons, puis comme directeur de la petite Bande que Louis XIV créa spécialement pour lui, et qui devint bientôt supérieure à la grande Bande des vingt-quatre. Ces derniers, jusque-là réputés fort habiles et obligés par leur brevet d’être les meilleurs violons de France, furent rapidement surpassés par la nouvelle troupe, pour laquelle Lully composa une foule d’airs de danse, de sarabandes, de gigues, qui plurent beaucoup au roi, et par conséquent à toute la Cour.

Nommé surintendant de la Musique du roi, en 1661, il composa celle des ballets représentés à Versailles et de tous les divertissements des comédies de Molière. Il joua même avec beaucoup de succès plusieurs rôles comiques de celles-ci, notamment : celui d’un médecin grotesque dans Pourceaugnac, comédie-ballet, représentée pour la première fois le 6 octobre 1669, à Chambord ; et le Muphti du Bourgeois gentilhomme, dont la première représentation fut également donnée à Chambord le 13 octobre 1670. Il excellait dans ce dernier rôle, et c’est après l’avoir rejoué à Saint-Germain en 1683, que Louis XIV, pour lui témoigner sa satisfaction, le nomma l’un de ses secrétaires, fonctions remplies jusqu’alors par les plus hauts personnages du royaume. L’affaire n’alla pas toute seule, mais le monarque imposa sa volonté, et Louvois dut céder ainsi que les secrétaires qui ne voulaient pas l’avoir comme collègue. Pour sa réception, Lully offrit un repas somptueux à toute la compagnie, et le soir une grande représentation à l’Opéra :

  1. Voir pour cette anecdote : Lecerf de la Vieuville de Freneuse. Comparaison de la musique italienne et de la musique françoise. — Dom Caffiaux. Histoire de la musique.