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Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/94

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du royaume, tenue, le 25 juin 1747, dans la grande salle de Saint-Julien, il soumit de nouveaux règlements, qui furent acceptés et homologués, le mois de juillet suivant, par lettres patentes du roi.

À peine mis au jour, ces statuts soulevèrent un tollé général. Les compositeurs clavecinistes et organistes refusèrent à nouveau de reconnaître l’autorité du roi des violons, et celui-ci dut s’incliner devant l’arrêt que le Parlement rendit en leur faveur, le 30 mai 1750 ; mais les plus grandes difficultés vinrent des prétentions excessives des lieutenants qui exerçaient en province.

Un nommé Barbotin avait acheté de la communauté une lieutenance générale héréditaire, qui comprenait à peu près les deux tiers du territoire de la France, et cela, moyennant quarante livres tournois pour le Bordelais, soixante livres pour deux autres provinces, etc.,[1]. Entièrement maître de sa gestion, il avait cédé ses droits à des individus que rien n’indiquait pour remplir de telles fonctions : ainsi, c’était une sorte de charlatan, le sieur J.-O. Josson, qui avait le Maine et l’Anjou ; l’Orléanais et la Bauce étaient gérés par Ch. Champion, garçon perruquier ; Sauvajeau, cabaretier, administrait Blois ; le Maire, marchand d’orviétan, trônait à Bourges, etc.

Tous ces délégués ne se gênaient aucunement pour délivrer des lettres de maîtrise à tout venant, au prix de dix livres, et de contraindre des organistes prêtres, des chanoines violoncellistes, à se faire recevoir maîtres à danser pour qu’il leur fût permis d’accompagner le plain-chant dans les églises.

Un mémoire réclamant la suppression des lieutenants de province, ainsi que l’annulation des pouvoirs de Barbotin, fut rédigé par les mécontents et soumis au roi en son Conseil, le 13 février 1773.

  1. Almanach du théâtre. État de la musique du roi, 1774, p. 13 et 14 cité par A. Vidal.