Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/101

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18 novembre.

Aujourd’hui, fête cambodgienne des morts. Depuis quelques jours déjà, c’était, dans les ruines, un va-et-vient inaccoutumé. Des groupes d’hommes et de femmes, venus de loin, ornaient de baguettes odoriférantes, d’ex-voto en étoffe et de fleurs, les socles des bouddhas. Et hier soir, dans, les deux grandes bonzeries encloses par l’enceinte brahmanique, la cérémonie commença.

Toutes les petites cases des bonzes étaient envahies. Aux portes brûlaient des torches. L’air était lourd de résine, de fumée, d’odeur de bétel et de nourriture. Sur la foule, par taches, par éclats mouvants, les lumières couraient.

A une porte, une matrone, le poing levant un flambeau, ses seins lourds saillant sous son écharpe verte, campée, telle une canéphore, portait sur la hanche une corbeille de fruits. Des pétards éclataient. Dans des coins obscurs, des hommes couchés fumaient. Le ciel était sans étoiles.

Autour du grand bouddha rouge à la tête d’or