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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/103

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écouter les prières ! Venez manger la nourriture que nous vous apportons. Entendez-nous ? Ne soyez pas malheureux. Mère ! Femme ! êh !.... êh !.... êh !.... » Une mère apportait des goyaves que sa fille aimait et des mangues vertes qu’elle mangeait avec du sel, autrefois. Un homme avait préparé pour sa femme défunte des petits poissons grillés. Une veuve était chargée de gâteaux aux fruits de palmier. Et les lumières, et les fumées, et la musique, et les prières et les appels emplissaient la nuit.

Une pluie diluvienne tomba ensuite, comblant de joie la foule. Les génies étaient propices et envoyaient cette eau sur la terre pour récompenser leur ferveur, laver les souillures, activer la poussée des rizières. Et le jour se leva dans un soleil triomphal.

Dès ses premières lueurs, sur la grande chaussée encore bleue d’air nocturne et où des flaques d’eau luisaient, les groupes et les files se déroulèrent, venant de toutes les directions. Ce défilé avait comme cadre la porte monumentale, les Nagas épanouis, les grands arbres, le temple, sous le flamboiement du ciel.