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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/105

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coulait de toute part en flots blancs, comme de la neige, débordant, engluant le sol. L’orchestre retentissait encore. Le soleil noyait tout. Sans cesse des groupes arrivaient. C’étaient un poudroiement, un ronflement indicibles. Et toujours au delà, le regard dans tous les sens, rencontrait l’impassibilité sereine des vieilles pierres.

Ainsi s’est déroulée cette fête, la plus grande des fêtes cambodgiennes. On s’y prépare longtemps à l’avance. Les plus pauvres y participent, empruntant quelque argent qui ne leur est jamais refusé. La croyance en ses morts, est profondément vivace dans l’âme du Cambodgien. Le cadavre brûlé, les cendres et les os qui restent sont recueillis dans une urne par les riches, et dans une simple coupe enveloppée d’étoffe blanche, par les pauvres. On porte la précieuse relique à la pagode. Elle y demeure. Si la postérité est riche, elle édifiera à l’ombre de la pagode un édicule pointu, à étages décroissants, qui sera la tombe. Sinon, les pauvres restes demeureront dans un coin obscur, sous l’autel, suspendus aux murs.

Mais c’est sans mélancolie, sans inutile philosophie, sans emphase que le Cambodgien considère