Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/132

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à leurs formes pleines. Un homme, grand et noir, vient de boire, debout, la tête renversée, dans un vase de cuivre. Et l’eau du vase miroitait de telle sorte que cet homme semblait dans son humilité sauvage, boire de l’azur.

Dans l’air verdissant, resplendissantes comme des gemmes, les cinq tours, seules, brillent encore. C’est le dernier vers du poème. Il ne dure qu’un instant. Encore une lueur fugitive lui survit. Et c’est la nuit.

Ah ! poète, viens ici, en cette heure lyrique, t’asseoir sur les pierres encore chaudes et puiser dans l’air la quiétude des grandes choses. Viens scander avec les mots qui conviennent, dans la divine cadence, chacune de ces secondes. Laisse seulement s’élancer ton génie en liberté : cette eau dormante et ce qu’elle reflète, ces pierres et ce ciel le rendront immortel.