Aller au contenu

Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’est pas facile de dire quelle est la plus belle de ces variétés, car elles sont toutes charmantes et délicieusement exécutées. Plutôt que de les supposer semblables, il est donc plus exact d’imaginer les motifs perdus différents de ceux que l’on retrouve. Ainsi que la nature qui, dans la même forme, a su varier les beautés à l’infini, les décorateurs khmers ont su varier à l’infini les formes initiales qu’ils possédaient.

On reste dans les limites étroites de la vérité en disant que dans un seul temple, il existe plus de formes de lotus, obtenues, soit par la stylisation, soit au contraire par la copie fidèle ou des factures différentes, qu’il n’en fleurit dans les larges fossés qui l’entourent.

Si les décorateurs cambodgiens ont usé de cette prodigieuse faculté de la multiplication, parfois avec excès — à Angkor Vat par exemple — et toujours avec une certaine ostentation, ils ont su, ici, modérer leur génie dans l’exacte mesure. De sorte que chaque chose ayant son importance rigoureuse, il émane de Beng Méaléa une harmonie puissante et sobre, qui permet de placer ce temple le premier parmi les premiers, et de le considérer