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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/153

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de l’humus et des débris pulvérisés par le temps.

Pas une fissure, pas une crevasse ne reste béante. Des feuillages s’y suspendent dans une immobilité de parure. La chaleur, le vent toujours atténués, laissent un peu d’eau, longtemps après les pluies, dans les bassins sacrés. Les mousses leur donnent des tons changeants. Le jour qui passe à travers les voûtes des feuillages en prend la couleur, frôle les saillies des décorations ou miroite sur les larges feuilles des orchidées épanouies comme des mains ouvertes. Les troncs clairs des arbres sont mauves.

La magie des reflets, les doigts patients de l’usure, les mousses et les guirlandes donnent aux pierres une sorte de vie végétale. Le rinceau du sculpteur et la vivante tige se confondent et l’on ne sait, si le vent se levait, lequel des deux tremblerait. Les dessous d’entablement sont insondables : des fragments ensoleillés les couronnent. A l’angle d’une muraille, une danseuse divine sourit dans la lumière soudaine, et une grosse touffe d’orchidées épanouie au-dessus d’elle met une ombre de fleur sur son geste de femme. Ailleurs,