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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/176

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pinceaux couraient, face au couchant. Et au zénith, ayant déjà pris possession de son domaine avec sa douceur de perle, — la lune pleine.

Dans un sentier bordé de hauts cactus, des théories de femmes débouchèrent en même temps que moi. C’était elles qui chantaient tout à l’heure et dont j’avais écouté les voix lointaines. Leurs écharpes entouraient leurs torses. Elles portaient des paniers plats sur la hanche. Les hommes suivaient.

Le sentier s’enfonçait sous un berceau de végétation. Là-haut, les belles palmes des cocotiers étaient de cuivre rouge, mais ici, dans l’ombre de cent arbustes différents, épais et enchevêtrés on distinguait à peine le sol. Les sempiternels grelots des bêtes tintaient. Et puis, ce fut le village, les enfants nus au gros ventre, les chiens à la tête de loup, les cases derrière les sapotilliers, les feux des cuisines, le bruit des pilons battant le paddy, quelques appels et quelques mélopées, les charrettes poudreuses groupées à l’orée des rizières, le repas frugal — et la nuit.

Ah ! faut-il que j’aie les miens qui m’attendent, et en moi des habitudes, des vanités, des ambitions