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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/29

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porter aux bonzes des offrandes d’ananas, de bananes, de riz et de petites bougies. C’était fête religieuse aujourd’hui. C’est pourquoi, sur les bornes antiques et les monstres grimaçants de l’avenue, il y avait des fleurs blanches précieusement déposées.

Les femmes descendaient par grappes le long du grand escalier, et s’enfonçaient peu à peu dans l’avenue et vers l’insondable verdure. Leurs paniers vides se balançaient à l’extrémité des fléaux. Elles avaient toutes un même geste de bras plié dont la courbe gracieuse se profilait sur le ciel.

Passèrent quatre fillettes. Deux avaient une écharpe blanche ; l’autre, une écharpe rose vif acide ; celle de la quatrième était bleue. Leurs pagnes semblables, leurs corps charmants, elles avaient mis toutes les quatre une fleur sur l’oreille. Elles considérèrent l’escalier à pic dont les hautes marches s’écroulaient sous leur fragilité, et puis, ayant rajusté leurs écharpes autour de leurs jeunes seins, elles s’enfoncèrent à leur tour, éclatantes, sur les pierres grises et dans le soleil. D’autres femmes arrachaient pieusement l’herbe autour du