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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/34

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En dehors du sanctuaire autour duquel les arbres n’ont pas été détruits ou ont repoussé, le groupe de Vat Phu, par lui-même, ne sollicite pas fortement l’esprit. De fausses idées archéologiques ont fait abattre les arbres séculaires, les guirlandes de lianes, la parure confidente où l’âme retrouve tant de choses douces à ses rêves. Nus, gris, les monuments qui n’ont pas par eux-mêmes, en dehors du sanctuaire, un bien grand caractère, — sont mornes et tristes. Le soleil les brûle ; le regard au lieu d’errer de la feuille à l’ornement, de la statue renversée à la liane qui l’étreint et la pleure, du mur au berceau et des fenêtres à des horizons proches, passe brutalement de l’ombre au ciel éblouissant et de la terre vide aux murailles nues.

Enlever la parure, c’est faire apparaître le chaos. Le mal date de longtemps. Les racines et les branches ont achevé la dévastation des hommes. Mais l’arbre frémissant répand sur ces cadavres l’ombre et les parfums ; les mousses étendent leur drap polychrome. La végétation n’a achevé la victime que pour la mieux ensevelir. L’eau claire dort au creux des pierres et les orchidées br