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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/58

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X

25 juillet.

Après demain, j’arriverai au Prah Vihear. J’ai en moi les plus sombres pressentiments. Depuis plus de trois ans, je rêvais d’étudier ce temple. Souvent, d’Angkor, voyant par temps clair, loin au Nord et à peine sensible, la chaîne des Dangrek, où je le savais posé comme un nid d’aigle, une envie irrésistible d’y aller se mêlait en moi, à une sorte d’effroi irraisonné.

Chaque fois que j’ai pensé à ce temple, deux idées ont surgi en mon esprit comme deux sœurs ennemies : l’une superbe, l’autre tragique. Je savais en effet l’accès de ce point difficile, sa situation en haut d’un pic, au bord d’un abîme. J’en imaginais la désolation, le vent âpre qui le fouette après avoir passé sur tout le Cambodge et tout le Siam, Je savais encore que les pistes, par lesquelles on