Aller au contenu

Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nécessaire de les renforcer d’un bois puissant et imputrescible, dont ils avaient de longue date éprouvé la solidité.

A Prah Vihear, mieux que partout ailleurs, se révèle cette architecture instinctive qu’est l’architecture khmère, et qui devait toujours rester semblable à elle-même, immobilisée dans l’étroite reproduction des anciennes constructions en bois,

Sans aucun principe mathématique, sans passé expérimental, sans formule, commettant toujours dans chaque muraille nouvelle les mêmes erreurs, utilisant sans cesse le même plan crucial et les mêmes combinaisons de galeries, du premier monument au dernier, lès Khmers bâtirent comme on sculpte et comme on échafaude.

Architectes déplorables, ils furent cependant de grands artistes. Du premier coup, ils surent atteindre à la majesté et à l’ordonnance. Et superposant au hasard, avec seulement de l’ingéniosité, des blocs énormes, ils sont parvenus à ériger sur tout un pays, des monuments qui n’ont d’architectural que le plan, mais qui par leur allure et ce qui s’en dégage, se classent parmi les plus beaux du monde.