Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/94

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devient alors familier ; aucune hâte, aucune nervosité ne troublent plus l’esprit. Chaque pierre devient un enseignement. Tout semble prier : la nature, la matière» l’ornement. Et il m’est arrivé parfois, sortant d’une torpeur, de me demander sans pouvoir répondre : « Mais voyons ! Tu priais — aussi ! »


XIX

1er novembre.

N’est-il pas plus rationnel, un objet étant donné, et qui répond complètement à un besoin, de l’orner, de l’embellir perpétuellement — plutôt que de le modifier sans cesse, afin de le soumettre à des besoins nouveaux s’engendrant les uns les autres ?

L’objet que nous perfectionnons perd progressivement en beauté. Nous négligeons peu à peu le plaisir des yeux et toutes les admirables joies de l’esprit qu’il provoque, pour livrer nos corps à un bien-être progressif. La charrette cambodgienne ayant été trouvée, et l’expérience l’ayant démontrée parfaite, les Khmers ne la modifièrent plus,