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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/110

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L’APPEL DE LA RACE

— Maud, reprit encore Lantagnac, accablé, demandez-moi toute autre preuve d’affection, mais point cella-là. Y avez-vous songé, mon amie ? Me retirer de la lutte, à l’heure où les miens ont tant à souffrir, à l’heure où les petites gens acceptent pour leur cause de si héroïques sacrifices ? Non, je ne puis ; je ne puis, entendez-moi, opérer cette retraite, sans manquer à tous mes devoirs de gentilhomme. Pour me justifier, vous le savez bien, je ne mettrais devant le public que les motifs qui sont les vrais. Et ce serait le déshonneur, pour vous comme pour moi. Non, Maud, je vous en prie, pas cela.

Elle était toujours debout, dans la même attitude provocante. D’une voix qui se fit sourde, où passait une colère ramassée, elle ajouta :

— Et vous avez bien pesé ce qui peut advenir à votre foyer ? Et vous en prenez la responsabilité ?

Lantagnac se leva à son tour. Il prit dans les siennes les mains de sa femme :

— Maud, dit-il. Maud, je vous en supplie, encore une fois, ne prononcez pas ici des mots irréparables.

Elle se dégagea brusquement. Hautaine, à pas pressés, sans tourner la tête, elle monta chez elle, par le grand escalier.