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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/135

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L’ÉMANCIPATION D’UNE ÂME

échec de rééducation française auprès de trois de ses enfants, Lantagnac avait réfléchi plutôt amèrement sur les effets d’une doctrine largement pratiquée par lui à son foyer : la théorie du self control. Ce n’était point par négligence ni faute de temps qu’il n’avait surveillé que de fort loin l’éducation de ses fils et de ses filles. Là comme en tout le reste, le pauvre père s’était laissé subjuguer par les idéologies anglo-saxonnes. Il avait cru, d’une entière bonne foi, à la vertu éducative du self-control qui, de bonne heure, abandonne à l’enfant la conduite de sa propre vie. Cette méthode pédagogique, que de fois il l’avait même prônée avec ardeur :

— C’est ainsi, disait-il en ce temps-là, c’est ainsi qu’on fait les individualités vigoureuses, hardies, entreprenantes. Laissez l’enfant au libre usage de ses forces. Ne le comprimez pas. On ne comprime qu’en étouffant.

Hélas ! Lantagnac assistait, sur ce point comme sur tant d’autres, à la faillite de son système. Si la vie physique de l’enfant a besoin de surveillance et de soins, pour n’être pas compromise, combien plus sa vie morale, plus délicate, d’une croissance plus savante, plus compliquée. Sans doute, il ne faut rien étouffer ; mais l’apprentissage de la liberté, l’éducation du caractère étant les disciplines les plus difficiles qui soient au monde, celles où les moindres erreurs deviennent souvent irréparables, quelle folie insigne que de laisser l’enfant s’y débrouiller à sa