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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/147

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PRÉPARATIFS DE BATAILLE
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que bruit autour de son nom, il ne laissa pas d’être troublé profondément par cette publicité tapageuse. Aujourd’hui même, quelque dures qu’aient été depuis lors les épreuves de son existence, Lantagnac ne songe point à cette première quinzaine du mois de mai 1916, sans que lui revienne l’amertume d’une vraie période d’agonie.

Pendant ces jours de longue attente, il put vérifier, par la plus douloureuse des expériences, combien la recherche du devoir est plus crucifiante que son accomplissement. Quelle réponse irait-il porter au sénateur ? Ce fut la question obsédante qui ne cessa de lui torturer l’esprit. Prendrait-il part au débat ou choisirait-il de s’abstenir ? D’un côté comme de l’autre le problème se présentait à lui hérissé des plus épineuses difficultés, traînant le plus formidable ensemble d’éléments tragiques. Parler, c’était réintroduire à son foyer les malaises de son élection, c’était peut-être brusquer entre lui et Maud des actes irréparables. Il pouvait prévoir les sourdes menées de William Duffin auprès de sa femme et de ses enfants. L’irlandais dont l’activité sournoise continuait de se trahir partout dans la lutte scolaire, devait redouter plus que personne un débat qui menaçait d’établir les responsabilités.

— Duffin, se disait Lantagnac, fera un bruit d’enfer parmi les miens ; il me sait au courant plus que personne de ses agissements.

En outre, Virginia en avait prévenu son père, l’annonce du prochain débat, le rôle qu’y