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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/154

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L'APPEL DE LA RACE

— Ah ! mon pauvre William, mais d’où venez-vous ? s’écria Maud presque stupéfaite d’une telle question. Vous ne savez donc point ce que Jules est devenu ? Vous ignorez donc qu’il ne va plus ni au Country club ni au golf de Chelsea ?

— Je sais qu’il a quitté la chevalerie de Colomb, qu’il l’a même fait avec fracas, se ressouvint Duffin

— Tenez, reprit Maud, de plus en plus désolée, il n’y a pas huit jours, un de ses anciens camarades d’université, l’avocat André Raymond de Montréal, est venu ici lui faire visite. Son camarade le taquina quelque peu au sujet de ce qu’il appelait « sa conversion ». Je les écoutais parler, pendant que j’expliquais à Nellie une page de Tennyson. Or, vous savez que j’entends parfaitement le français si je le parle peu. Et qu’est-ce que Jules ne disait point ? Il causait de son bonheur, « de son allégresse » de retrouver, de reconstituer son être moral. — « Une ambition fébrile me possède », a-t-il repris, « de réannexer à mon âme toutes les puissances qu’elle avait perdues ».

— « Ainsi tu te revises ? » lui disait son ami.

— « Plus que cela », corrigea-t-il, « je me révolutionne». — « Voilà pourquoi je n’ai jamais été si passionné de littérature française, d’art français, d’histoire de France, d’histoire du Canada ». « Dans cette atmosphère », avouait-il encore à son ami — ici je me rappelle fort bien