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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/195

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À LA RECHERCHE DU DEVOIR

— Et alors, je nie demande de nouveau très sérieusement : Ai-je le droit, pour le seul intérêt d’une tactique douteusement efficace, ai-je le droit de démolir mon foyer, d’opérer la dispersion de mes enfants ? J’irai plus loin : mon devoir de député, le dévouement que je dois à ma race m’obligent-ils jusqu’à de si terribles sacrifices ? Le Père Fabien avait écouté ces dernières phrases, le menton appuyé sur son poing renversé, visiblement pris par le caractère troublant du problème. Puis, d’un geste qui lui était familier dans les discussions ardues, deux fois il glissa lentement sa main droite sur son front, pour clarifier, semblait-il, son esprit et ses idées.

— En effet, mon cher Lantagnac, dit posément le religieux, votre cas est grave, très grave. Ce qui est pis, il est de ceux qui ne peuvent se mettre devant le public pour justifier une abstention.

Il y eut, entre les deux hommes, un moment de silence. Le Père reprit :

Vous attendez de moi, sans doute, une solution, à tout le moins quelques directives ? Voulez-vous que, pour plus de clarté, nous sériions d’abord les questions ?

— Je veux bien, fit Lantagnac, à qui l’espérance d’une discussion lumineuse redonna de la sérénité.

Alors, entre ces deux hommes, commença, aride, serré, un débat presque technique, mais où pourtant, par son enjeu si lourd et si poignant, le