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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/222

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L'APPEL DE LA RACE

Le monument entier prenait aussi une voix pour dire en son langage :

« Vois, ô passant, qui cherches peut-être un mot d’ordre, vois : s’il y eut en ce pays une ère de vraie paix, ce fut le jour où, au nom de nos provinces et par une alliance loyale, dans les discours comme dans les actes, nous avons fait régner le respect des droits, l’égalité dans la justice ».

Lantagnac reprit le chemin de sa demeure, pendant que résonnait à ses oreilles cette grande leçon de courage et de politique. Pour lui, la lumière victorieuse ne s’était pas encore levée ; mais un peu de sérénité, lui semblait-il, enveloppait son âme. Il traversait la place Connaught et allait s’engager dans la rue Rideau, lorsque soudain, quelle ne fut pas sa surprise ! À quelque cent pas devant lui s’en venait, la serviette sous le bras, son beau-frère, William Duffin en personne. Le nouvel avocat des Aitkens Brothers portait un panama dernier style et un somptueux complet gris, comme nul ne se rappelait lui en avoir vu. Bien décidé à passer la tête haute, Lantagnac se demanda pourtant :

— Osera-t-il me saluer ?

Duffin qui s’avançait assez vite, parut d’abord troublé par cette rencontre inattendue. Mais, toujours audacieux, d’un geste sympathique il enleva prestement son chapeau et glissa à son beau-frère :