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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/257

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LE COIN TOMBE

dans la pleine possession de ses destinées, le rêve ancien de la Nouvelle-France.

— Si une race française a besoin d’exister en Amérique, se disait-il, la Providence lui refusera-t-elle les conditions d’existence qui assureront le plein épanouissement de son âme ? Qui sait même si mes enfants ne verront pas cette aurore rafraîchissante, si le devoir de ma vie prochaine n’est pas de leur préparer cet avenir ?…

Pendant qu’il s’entretenait dans ces pensées réconfortantes, chaque jour, à son foyer, le calme semblait s’accroître et se parfaire. Un seul incident faillit un moment renouveler toutes ses craintes. Un de ces derniers jours, il avait croisé, par hasard, dans l’un des escaliers du Musée Victoria, le vieux Davis Fletcher. Lantagnac avait salué le vieillard ; mais lui, indifférent et hautain s’était défilé, le chapeau collé aux tempes, accélérant le plus qu’il pouvait, son petit pas trotte-menu.

L’on atteignit ainsi le 28 mai. Ce jour-là, Lantagnac travaillait chez lui, à son cabinet de travail, lorsqu’il vit entrer Virginia, un journal à la main, et pleurant. — Lisez, dit-elle. Et elle lui indiqua, en première page, la colonne des nouvelles d’Ottawa. Il y put voir, suffisamment en vedette, un compte-rendu d’une séance de la Women Welfare League où, dans le titre, s’étalait le nom de Madame Jules de Lantagnac. Le front soucieux, Lantagnac prit le 9