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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/71

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ÉCHEC ET TRISTESSE

de dégénérescence quand ces races, même supérieures, sont trop différentes ».

« Croiser deux peuples, c’est changer du même coup aussi bien leur constitution physique que leur constitution mentale… Les caractères ainsi créés restent au début très flottants et très faibles. Il faut toujours de longues accumulations héréditaires pour les fixer. Le premier effet des croisements entre des races différentes est de détruire l’âme de ces races, c’est-à-dire cet ensemble d’idées et de sentiments communs qui font la force des peuples et sans lesquels il n’y a ni nation ni patrie… C’est donc avec raison que tous les peuples arrivés à un haut degré de civilisation ont soigneusement évité de se mêler à des étrangers. »

Lantagnac referma le livre. Longtemps, dans son fauteuil, près de sa lampe, il resta rêveur, à peser avec amertume les responsabilités de son mariage, les engouements de sa jeunesse qui l’avaient préparé.

— Ce sera là, se disait-il, navré, la grande erreur de ma vie. Et cette erreur est irréparable.

Ces réflexions sans issue survenant après tant d’incidents pénibles, auront raison, il le craint, de ses résolutions de Saint-Michel.

— À quoi bon ? se redit-il toujours, à quoi bon tant risquer pour une œuvre qui doit fatalement avorter ? Ils sont deux, peut-être trois, qui jamais ne pourront devenir français. Je le vois maintenant : il y a des unités humaines