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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/78

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L’APPEL DE LA RACE

aux vœux des congressistes canadiens-français d’Ottawa en matière d’éducation.

Lantagnac tendit le document au Père :

— Je comprends, dit-il simplement.

L’avocat était de ceux qui, dans les débuts, avaient cru quelque peu surfaite l’image de la persécution ontarienne. Le document lui révélait, d’une façon décisive, l’existence d’une hostilité qui doublait les périls pour ses compatriotes. Le Père Fabien reprit la parole :

— Cette hostilité, mon ami, il y a longtemps que nous la devinions, que nous la redoutions, sans pourtant être en mesure de la prouver. Ce document qu’une main sûre nous a remis, nous apporte enfin la preuve authentique, irrécusable. Comprenez-vous maintenant que la situation soit grave ? Contre nous ne s’aligne pas seulement l’élément orangiste, mais ces autres qui ont signé cette minute.

Et le religieux eut un haussement d’épaules qui disait sa grande tristesse.

— Ainsi engagée, reprit-il, la lutte devient terrible, dangereuse et douloureuse. Nous avons besoin de chefs à poigne ferme mais prudente. Coûte que coûte, il nous faut sauver l’école française et catholique de l’Ontario ; et coûte que coûte il nous faut sauver aussi le respect d’une grande autorité. Mais alors, mon ami, voyez-vous, pour les bons fils de l’Église que sont nos compatriotes, le caractère tragique que prend la bataille ?