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Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/98

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L’APPEL DE LA RACE

merveilleusement, qui avait plutôt la souplesse du félin ? Et Lantagnac observait de nouveau son beau-frère, toujours penché sur l’échiquier, n’articulant que de rares paroles. Le profil de Duffin où il y avait du grand oiseau de proie, se détachait également en lignes nettes, sous son panache blanc. Lantagnac connaissait, pour l’avoir rencontré souvent, dans son monde, ce type d’irlandais anglicisé.

— Ils ont bien tous, se disait-il, ces intempérances de néophytes. En quoi, du reste, ils ne font qu’un avec nos Canadiens de même sorte.

Lantagnac s’était vu lui-même, à certains jours, trop près de cette disposition d’esprit, pour que la laideur lui en eût échappé. Souvent, depuis sa conversion, il avait médité sur la psychologie des « assimilés ».

— Quelle douloureuse déchéance humaine ! se disait-il.

Soit désir de se faire pardonner leur très fraîche adhésion aux doctrines des assimilateurs, soit haine naturelle contre ceux de leur race dont la fidélité leur est un insupportable reproche, tous ces malheureux, il l’avait observé, se reconnaissent à un trait commun qui est leur zèle amer et farouche pour la cause de leurs nouveaux maîtres. Lantagnac en est même à se demander si le destin suprême des grandes races impériales n’est pas de traîner à leurs chars ces cohortes d’asservis volontaires, ces passionnés de leurs chaînes. Juste en face de lui, sur le mur du salon, une lon-