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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/180

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septième volume 1940-1950

à mes cours et qu’on m’en ramenât en sa magnifique voiture. Je vais donc lui présenter mon candidat. Il me promet de le faire sien. À la réunion du cabinet, M. Godbout pose à son ministre la savoureuse question : « Vous êtes-vous bien enquis de sa famille, de… ? » Le Ministre répond : « C’est mon candidat, et c’est le seul que je recommande. » Guy Frégault peut partir pour Chicago. Il s’y plaît extrêmement. Il m’expose ses travaux, me demande de la documentation. Le Père Delanglez sera son guide, son conseiller, son « adviser », comme tout étudiant là-bas s’en doit choisir un. On propose tout de suite à l’étudiant pour sujet de thèse : « La carrière de Pierre Le Moyne d’Iberville ». Son conseiller l’a conquis : « Le Père Delanglez — à qui j’ai transmis vos hommages — est un type réellement merveilleux : il est à la fois original, violent, savant et très bon pour moi ; il a un sens critique d’une acuité et d’une pénétration singulières ; il donne à ses opinions un tour très abrupt qui me fait apprécier particulièrement la soirée que je passe avec lui chaque semaine… comme vous pouvez le voir, je n’ai rencontré jusqu’ici aucune déception. Je suis de jour en jour plus heureux que vous m’ayez aiguillé vers l’histoire. »

Après deux ans, Guy Frégault revient du Loyola Institute avec un doctorat en histoire et un Pierre Le Moyne d’Iberville qu’il achèvera bientôt. Malheureusement je ne puis encore abandonner l’Université. J’ai besoin de mon traitement pour faire aller ma maison. Au reste, je songe à solliciter une autre bourse pour le jeune docteur en histoire. Je lui dis : « Vous avez appris là-bas votre méthode ; il vous faut maintenant acquérir la science de l’Histoire. Je me propose de vous ménager deux ans de séjour aux Archives de Québec ; aussitôt que la chose me sera possible, je vous passerai mes cours publics d’histoire canadienne. » Mais un grave obstacle se dresse : M. Groulx n’est plus secrétaire de la province. Il a dû partager, en faveur de M. Hector Perrier, une