Aller au contenu

Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
mes mémoires

— Serait-ce à dire, Excellence, que le droit à vivre des minorités canadiennes-françaises vous paraîtrait moindre ?…

Avec un petit grain de malice, il me fait cette première réponse :

— Je crois que vous avez moins à vous plaindre des évêques d’origine anglaise ou écossaise, que d’autre origine.

Et il continue :

— Voici d’ailleurs, à l’égard des minorités, ce que sera désormais la politique de Rome : dans les diocèses où les catholiques seront en majorité de langue anglaise, ne serait-ce que de quelques unités, nous nommerons un évêque de langue anglaise, mais nous exigerons qu’il soit bilingue. Et vice versa : dans les diocèses où les catholiques seront en majorité de langue française, ne serait-ce que de quelques unités, nous nommerons un évêque de langue française, mais nous exigerons qu’il soit bilingue.

Une question me vient, malgré moi, à l’esprit :

— La décision de Rome est-elle entrée en ligne de compte dans la récente nomination à l’évêché de Pembroke ?

— Voici : j’inclinerais fort à penser que les catholiques d’origine française forment la majorité dans le diocèse de Pembroke ; mais il nous faut nous en tenir aux recensements officiels. Or les catholiques parlant le français forment une minorité… Mais, reprend encore Son Excellence, avez-vous lu mon discours au sacre de Mgr Smith ? Au banquet, et devant tous les collègues de langue anglaise, j’ai dit au nouvel évêque : « N’oubliez pas, Mgr Smith, que si vous n’étiez pas un bilingue, vous ne seriez pas évêque de Pembroke. »

Et l’entretien se clôt par ces autres paroles du Délégué : « Dans vingt-cinq ou cinquante ans, M. le Chanoine, les archives de la Délégation seront ouvertes aux historiens. Vous y constaterez que Rome et la Délégation apostolique se sont toujours