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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/247

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mes mémoires
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m’en explique dès mes premières phrases : « Dans un cinquantenaire sacerdotal, le prédicateur peut choisir entre deux formes de discours : exalter le sacerdoce pour exalter le jubilaire ; exalter le jubilaire pour exalter le sacerdoce. Je choisis cette deuxième forme. Nous sommes les disciples d’un Maître qui refusait de dire son nom et qui voulait qu’on le connût à ses œuvres. À la question : “Qui êtes-vous ?” il répondait : “Allez et dites à Jean ce que vous avez vu.” Je raconterai brièvement la vie et l’œuvre du cher et vénéré Mgr Philippe Perrier. » Je dirai son ardente activité dans le domaine sacré et dans le profane.

« Vous avez toujours estimé, lui disais-je, qu’il n’y a pas de domaines dans la vie d’un peuple catholique, où l’Église puisse affecter de paraître indifférente ou étrangère, parce qu’il n’en est point où ne se trouvent engagés de près ou de loin l’intégrité et l’avenir de la foi. Tout votre exemple nous enseigne qu’il n’est pas nécessaire, sous prétexte de réaction contre les courants naturalistes, d’effectuer une rupture entre la nature et le surnaturel. Leçon opportune quand Pie XII vient de rappeler cette vérité élémentaire que “la vie religieuse elle-même suppose un sol, une patrie, des traditions”. — »

En Mgr Perrier, je louais ensuite le professeur, puis surtout le Curé. Même hors de sa cure, qui ne l’appelait pas communément : « le Curé » ? Je disais la fécondité de cette vie sacerdotale alimentée aux sources profondes : aux fréquents séjours à la Trappe d’Oka, à la retraite de trente jours selon la méthode de Manrèse. Mais comment décrire, me demandais-je, la fécondité d’une vie de prêtre parvenu au cinquantenaire de son sacerdoce ? « Autant essayer d’exprimer ou de mesurer les grandeurs du sacerdoce catholique. Sacerdoce ! Mot sacré qui, pour nous, évoque, entre autres, cette vérité émouvante et troublante que, par la plupart de nos fonctions, nous sommes attachés à une œuvre limitée, sur un point particulier du monde, mais que, par d’autres, plus augustes, par sa prière officielle, par les sacrements, et surtout par sa messe, le prêtre à l’autel, identifié avec le Christ, échappe au temps et à l’espace, se trouve engagé dans la vie universelle de l’Église, dans le drame de la Rédemption, qui est après tout le grand drame de l’Histoire. »