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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/336

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III

DIVERSES ENTREVUES

Ferais-je une part à mes entrevues ? J’en eus beaucoup purement verbales, non consignées, dont j’ai même perdu le souvenir. Genre étrange, qui m’a parfois valu beaucoup d’agacements. Avec certains surtout, j’y voyais une telle perte de temps. Genre qui a pourtant son prix. L’interviewé se voit forcé à une recherche, à une plongée en soi pour se mieux connaître, se mieux définir. S’il est sincère, c’est l’être cadenassé, scellé qui s’ouvre et fait en soi-même des découvertes. La plupart des entrevues que j’ai consenties, tendaient à m’interroger sur mes travaux, surtout sur ma façon de penser devant tel ou tel événement, tel courant d’idées, sur ma façon de concevoir tels problèmes nationaux, sur les origines de mes ouvrages, etc. Mon âge aidant, l’on me prête longue expérience, une sorte de vue divinatoire sur le présent et l’avenir. Et alors se dresse l’aspirateur qui voudrait vous pénétrer, vous secouer si possible jusqu’aux moelles.

Les années soixante me paraissent bien celles où l’on a le plus sollicité d’entrevues. Il se passait alors quelque chose dans le Québec. Je relève, en particulier, une entrevue au Petit Journal (Montréal), deux à La Presse, une au Devoir, une autre à La Patrie ; d’autres encore au Star Weekly, au Winnipeg Tribune, au Star et à la Montreal Gazette, aux Scouts. Le Canada français s’interroge. Il vit une période d’incertitude. De quel mal souffre-t-il ? Sur quels remèdes compter ? Etc., etc. Je le vois aux questions que me pose en mai 1962, la journaliste du Petit Journal, un hebdomadaire alors très en vogue : « Croyez-vous au bilinguisme ? La Confédération peut-elle être encore