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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/369

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mes mémoires

ans. La tâche urgente serait, pour le moment, de vous tourner vers la jeunesse. C’est à elle qu’il vous faut lancer l’ardent appel… »

À ce moment, ceux-là qu’on appelait les « Indépendantistes » formaient un groupe de pression valable sur l’opinion et sur les hommes politiques. Malheureusement, la division éclata parmi eux. Trois groupes au moins surgirent. Leur influence en diminua d’autant. Quel sera l’avenir de ces mouvements ? Vers quoi allons-nous ? L’indépendance, je l’ai toujours pensé, ne nous viendra point de ces mouvements de jeunes. Elle nous viendra de nos dirigeants politiques acculés à de fatales impasses. Une évolution se dessine au Canada que n’arrêteront point les borgnes de la politique outaouaise : la puissance grandissante des provinces, et par conséquence inéluctable, l’affaiblissement du pouvoir central. En possession de leur territoire, c’est-à-dire des sources de la richesse, les provinces voient s’agrandir démesurément leurs besoins sans la possibilité de les satisfaire, obligées de mendier, non leur pitance, mais leurs moyens et leurs conditions de vie à Ottawa. Un tel régime politique ne peut durer. Il est trop contre nature. Jusqu’où iront les revendications des provinces et particulièrement du Québec ? Je n’en sais rien. Mais elles iront loin, ne pouvant demeurer en deçà.