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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/75

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septième volume 1940-1950

Veuillez agréer, monsieur l’abbé, l’expression de mes meilleurs sentiments, en N.-S.

Ildebrando Antoniutti,
dél. ap.

Enseignement secondaire — Projet d’École normale supérieure

À cette époque, c’est-à-dire en 1940, mais aussi dans les années qui ont précédé, une part de notre enseignement m’occupe plus que tout autre : le secondaire, l’enseignement classique. Depuis longtemps, même depuis mes années d’étude à Fribourg, je rêve de rénover cet enseignement. J’entrevois une réforme à trois paliers : 1o. un recrutement et une formation première de nos éducateurs dès le collège et le Grand Séminaire ; 2o. une formation continuée par la fondation d’une École normale supérieure ; 3o. l’envoi des sujets les plus brillants dans les universités d’Europe ou d’ailleurs pour un achèvement de leur formation. Jeune prêtre, j’ai trop souvent regretté qu’au collège, en nos retraites dites de vocation ou de décision, l’on oubliât une vocation et non la moindre. L’on nous entretenait des vocations laïques et professionnelles et des vocations sacerdotales, pour séculiers et religieux, vocations où le ministère paroissial occupait large place ; l’on nous faisait même l’étalage de tous les ordres religieux, y compris les contemplatifs et les missionnaires. Mais, de la vocation d’éducateur ou d’enseignant, pas le plus petit mot. Anomalie qui me paraissait incompréhensible et d’une extrême gravité, dans un temps — je l’ai dit plus haut — où le clergé détenait encore, sur tout l’enseignement de la province, un rôle à peine partagé. Le premier, je le crois, dans une retraite de décision prêchée à Valleyfield même, vers 1911, je prends sur moi d’exalter la vocation d’éducateur, avec toutes ses exigences et ses indéniables beautés. Dans la suite, en toutes mes retraites du même genre prêchées en divers collèges, je continue cette prédication. Il ne me semble guère plus difficile, à mon sens, de découvrir une vocation d’éducateur qu’une vocation de jésuite ou de missionnaire en Afrique. Un sens éveillé du dévouement, un certain don d’autorité sur ses camarades, le don de l’exposition claire en quelque discours ou travail académique, pouvaient révéler, à coup sûr, chez le jeune collégien, les aptitudes d’un fu-