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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/111

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LE SURVENANT

— On te demande si t’as eu vent à Sorel du gros accident ?

— Quel accident ?

— Apparence que trente-quelques personnes ont péri dans une explosion à la station des chars du Pacifique, à Montréal.

— Ah ! oui. L’Acayenne m’en a soufflé mot, mais à parler franchement, je saurais rien vous en dire, pour la bonne raison que j’ai pas porté attention.

Une voix demanda :

— Qui ça, l’Acayenne ?

Le Survenant mit du temps à répondre :

— Une personne de ma connaissance.

Odilon reprit à mi-voix :

— Elle est sûrement pas du pays. Ça doit être encore quelque sauvagesse. Avec un faux-côté, elle itou.

Instinctivement Marie-Amanda regarda vers Angélina. Mais l’infirme, comme intentionnée ailleurs, ne semblait rien entendre.

Le visage du Survenant se rembrunit. Il baissa la voix et dit :

— Je t’avertis, Provençal, laisse-la tranquille. Tu m’entends ? À partir d’aujourd’hui, laisse-la en paix ou t’auras à faire à moi. Tu m’comprends ?

Aussitôt Odilon se défila :

— Quoi, je parlais de ton canot…