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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/152

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LE SURVENANT

— Ouais, mais c’est jamais la même eau qui repasse.

Étonné, le Survenant se mit à rire et poursuivit :

— Je te le dis, en amitié, Amable, si tu prends pas garde à toi, dans dix ans, dans quinze ans, tu seras pas rien que trop-de-précaution, tu seras devenu un avaricieux. Là, t’auras le vrai vice et tu seras pauvre pour tout de bon ! Puis tu sauras ce que c’est que d’être pauvre !

Amable renâcla :

— Chante toujours, beau marie, chante-nous tes chansons. Berce-nous pour mieux nous endormir !

Venant éclata de rire mais le père Didace cogna du poing sur la table :

— Assez jacasser, vous deux ! L’ouvrage est là qui attend.

* * *

Le soir, le Survenant alla comme à l’ordinaire reconduire Angélina et faire un bout de veillée avec elle. Après plusieurs hésitations, elle lui dit :

— Pâques s’en vient. Encore dix jours et on sera au 27 de mars. As-tu l’idée de passer la fête de même ?

— Je comprends pas. Veux-tu parler de mes pâques ?