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LE SURVENANT

J’étais petit gars, mais je m’en rappelle trop : je l’ai entendu chanter le coq.

— Calvin ! se lamenta un autre avec regret, que c’est de valeur que le bo’homme Soulières soye pas icitte. Lui qui lève sur son dos une quille de tug, une quille en chêne, il lui en ferait un homme fort sur la margoulette !

— Puis Odilon, quoi c’est que vous en faites… commença Joinville.

Mais à la vue du Survenant à ses côtés et au souvenir de la bataille du temps des fêtes il se tut.

— Venez-vous dans la tente ? proposa quelqu’un.

— On y va, décida soudainement Venant.

Les autres l’imitèrent. Il laissa l’homme fort terrasser deux fiers-à-bras complices. Soudain, d’un saut, il franchit le câble qui entourait l’arène, un simple rond de sable, et enleva son mackinaw. Il disparut derrière un rideau vert à frange et revint en brayet. À la vue de la solide musculature du Survenant, le gérant l’avertit :

— Tout est permis, la savate, le chui-chutsou, tous les coups. La direction du cirque est pas responsable des membres cassés, des côtes enfoncées, ni d’aucune conséquence. Vous luttez à vos risques, compris ? Si vous préférez vous retirer, il est encore temps. Compris ?