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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/206

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LE SURVENANT

Beauchemin ? — Une sourde impatience leur faisait devancer les mouvements des lutteurs : qu’attendaient-ils pour s’entrechoquer ? Pourquoi le Survenant ne donnait-il pas un croc en jambe à l’autre ?

— Aïe, Survenant, tignasse-le un petit brin dans l’jarret !

Le « Champion de la France » saisit à l’improviste le poignet de Venant. Mais d’un vif tour de bras, celui-ci déjoua le pouce qui cherchait le nerf sensible.

— Fais-tu du « viens donc » ? nargua le Survenant.

Au même instant, le forain, aiguillonné par la dernière remarque, écrasa, de son lourd brodequin, le pied nu du Survenant et lui porta un coup de genou au bas ventre. Plié en deux, et geignant de douleur, Venant s’affala. L’Étrangleur, dont les traits, l’espace d’une lueur, s’éclairèrent du masque du vainqueur, prit son élan pour le terrassement final ; mais, tels des ressorts jumeaux, les jambes de Venant se détendirent pour atteindre l’adversaire en plein corps et l’envoyer rouler près des câbles. Venant se remit debout le premier, bien qu’il parût extrêmement affaibli. Cependant, les applaudissements l’aidèrent à reprendre son aplomb. L’arbitre voulut le disqualifier, mais l’assemblée protesta à toute voix :