Aller au contenu

Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
LE SURVENANT

en plein la femme pour réchauffer la paillasse d’un vieux.

— T’as pas honte ? lui reprocha Angélina.

La grande Laure Provençal s’aiguisa la voix pour dire :

— Fiez-vous pas à cette rougette-là. Elle va vous plumer tout vivant. Fiez-vous y pas. T’entends, Amable ?

— Vous aimez pas ça une rougette, la mère ? questionna le Survenant.

Et pour le malin plaisir d’activer la langue des femmes, tout en passant la main dans sa chevelure cuivrée, il ajouta :

— Pourtant quand la cheminée flambe, c’est signe que le poêle tire ben.

— Mais d’où qu’elle sort pour qu’on l’appelle l’Acayenne ?

— Ah ! elle vient de par en bas de Québec, de quelque part dans le golfe.

— Ça empêche pas qu’elle donne à chambrer à des navigateurs et qu’on parle de contre, comme d’un méchante.

— Qu’elle reste donc dans son pays !

Venant s’indigna :

— Des maldisances, tout ça, rien que des maldisances ! Comme de raison une étrangère, c’est une méchante : elle est pas du pays.