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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/254

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LE SURVENANT

remontrer à son curé. Mais cette fois, il se contenta de hausser les épaules, en grondant :

— Pouah ! ce petit vent de coyeau…

— Je ne vous ai pas rencontré à l’affût dernièrement.

— Non, je chasse presquement pas.

— Comment se fait-il ?

— Ah !

— Ça va toujours à la maison ?

— Ça va petit train, mais… monsieur le curé, j’aurais affaire à vous privément. Je vous retiendrai pas trop longtemps.

— Passez donc dans mon office, monsieur Beauchemin.

Le bureau austère, avec ses murs blancs, ses grands portraits d’évêques, impressionnait toujours le père Didace. Il resta silencieux. Il n’avait plus devant lui un chasseur, mais son curé. Pour lui venir en aide, l’abbé Lebrun parla le premier :

— Moi-même je voulais justement vous montrer un article que j’ai découpé à votre intention. En rangeant des vieux journaux, je l’ai trouvé par hasard dans un numéro de « l’Étoile » de Québec qui date bien de deux ans. Il va sûrement vous intéresser. Tenez, lisez-le.

Didace Beauchemin prit le papier et le retourna en tous sens. Le curé Lebrun se mordit la lèvre. Il avait oublié que son paroissien ne savait pas lire.